Archives – 1999
Visite d’État du président de la République populaire de Chine JIANG Zemin
Revue de presse et autres réactions

Courrier des lecteurs de… SinOptic
6 avril 1999

Cette réaction d’un ressortissant chinois établi en Suisse a été adressée à SinOptic.
Son auteur a demandé de conserver l’anonymat.


J’aurais souhaité écrire une lettre de lecteur à 24 heures, après avoir lu l’éditorial du vendredi 26 mars où le président chinois est classé au même rang que les dictateurs SADDAM et MILOSEVIC. Il est vrai que nous avons la liberté d’opinion en Suisse, mais ceci ne donne pas le droit d’insulter un chef d’État parce qu’il a refusé la façon hostile dont il était accueilli.

Dictateur ou pas, c’est à la majorité du peuple chinois de se prononcer ! On voit à quel point les gens sont ignorants et aiment donner des mots d’ordre.

La communauté chinoise de Lausanne a réagi fortement à l’incident du jeudi 25 mars. Elle partage le sentiment du président JIANG, bien qu’elle ne soit pas d’accord avec lui sur les autres aspects de la situation intérieure de la Chine.

Quand je discute avec des Suisses, je leur donne simplement un exemple sur les relations amicales entre les gens (sans parler entre les États). Si j’invite un ami arabe à venir manger chez moi, je ne laisserais pas mes enfants manger du porc à côté de lui, bien qu’ils en aient le droit! Ils pourront très bien en avoir le lendemain. Réciproquement, si un Suisse est invité en Corée dans un restaurant et que de la viande de chien est servie à la table voisine, il n’arrivera probablement pas à savourer son steak de bœuf. Suivant sa résistance, il pourrait même s’en aller immédiatement. On peut toujours inviter un ami sans le provoquer, s’habituer l’un à l’autre et faire davantage connaissance.

Il est surprenant de voir que dans un pays démocratique comme la Suisse, les médias blâment voire attaquent sur un ton virulent la délégation chinoise. Si le Président demande de faire évacuer les gens d’un toit pour des raisons de sécurité, c’est selon une certaine presse « maltraiter » des Tibétains. Le cri, les hurlements et la tentative de lancer des œufs, c’est simplement la demande pacifique du dialogue. Quelle logique !

Les droits de l’homme sont un thème brûlant. Existent-ils vraiment en Suisse? Si tous les êtres humains sont égaux, pourquoi les étrangers résidant en Suisse sont-ils classés d’une manière implacable ? Un Chinois doit attendre dix ans avant d’obtenir un permis C, alors que les étrangers ne venant pas du Tiers-monde l’auraient au bout de cinq ans. Les couples chinois qui étudient dans les écoles polytechniques et les universités suisses vivent en majorité séparés, car l’autorité suisse ne donne pas de visa à leur conjoint pour venir en Suisse.

Est-il humain de laisser vivre un couple séparé pendant quatre ou cinq ans? Pire et révoltant : si un couple étudie en Suisse, leur enfant est également contraint de vivre seul en Chine chez ses grands-parents. La plupart des Chinois avouent que le seul bon souvenir, au moment où ils quittent la Suisse, reste les lacs, le paysage et… rien d’autre.